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Images qui bougent

12 janvier 2012

Paris en vidéo avec le Fuji X10

Je complète ici mes présentations de l'APN compact expert Fujifilm Finepix X10 par un essai de vidéo. Cela ne prétend pas être une œuvre d'art. D'abord, je n'ai pas utilisé de caméra depuis longtemps, mon époque 16 mm est loin. Ensuite, il s'agissait essentiellement de tester l'appareil au tournant d'une journée, c'est à dire dans des conditions d'éclairage de plus en plus difficiles. Je trouve que le X10 s'en sort plutôt bien, même s'il n'est pas meilleur, dans ce domaine, que n'importe quel bon APN produisant de la Full HD.

Les prises de vues (à Paris, le 11 janvier 2012) et le montage suivent le fil des pas. Tout a été fait à main levée. Cela se remarque, d'ailleurs, mais c'est ainsi qu'on doit utiliser un compact. S'il faut s'encombrer d'un pied de plusieurs kilos, autant préférer un reflex. Ce qui ne se voit pas ici, par contre, c'est la qualité de la stabilisation du X10. Sans elle, ce serait pire... La plupart des mouvements indésirables de l'appareil sont neutralisés, et cela se constate à l'écran au moment de la prise de vue. De toute façon, il vaut mieux éviter les panoramiques (j'en ai quand même tenté deux ou trois) et se souvenir de la règle numéro un de l'opérateur : "C'est le sujet qui doit bouger et non la caméra."

Les couleurs sont aussi bien rendues qu'en mode photo, même en basse lumière, et la gamme dynamique reste excellente. Je n'ai éclairci que de très rares plans en post-traitement, sans forcer. L'autofocus, évidemment à réglage continu, est assez réactif, comme on le voit sur la séquence du bateau-mouche. La mise au point manuelle n'est pas proposée, et le commutateur frontal n'a aucune action en vidéo.

L'ergonomie est simple. Peut-être trop. Une fois calé le barillet des modes sur la position vidéo, on accède à quatre réglages seulement, par la touche MENU/OK : la résolution (Full HD, HD et 640, à 30 im/sec, 640 à 70 im/sec, 320 à 120 et 200 im/sec), la détection de sujet (oui/non), le mode AF (continu/centre), la simulation de film (standard et six autres options). La sensibilité est automatique, et il me semble que le lissage, dans certains cas, peut être un peu trop visible. Seule la correction de luminosité reste possible, par la molette dédiée, mais je ne lui ai pas trouvé une grande réactivité. Toute autre commande est inopérante.

On remarque que les réglages à 70, 120 et 200 im/sec, qui produisent un ralenti à la restitution, font dégringoler la résolution dans des proportions importantes. En fait, seul le premier est vraiment utilisable, pour obtenir, par exemple, un panoramique sans sautillement. Les deux autres ne peuvent servir qu'à ralentir à l'extrême un mouvement qu'on veut mettre en valeur. Encore parvient-on au même résultat, sans perte de résolution, avec un bon logiciel de montage. Il suffit d'étirer ou comprimer une séquence, à la souris, sur la ligne de vues (je recommande Magix Vidéo DeLuxe, le plus complet et le plus pratique dans le registre amateur, et de loin).

On peut prendre une photo pendant la prise de vue, en appuyant sur le bouton MENU/OK, mais elle est à la résolution et au format de la vidéo.

Les fichiers sont au format Mov et l'appareil est pourvu d'une prise mini-HDMI.

Trois détails fâcheux, pour finir. D'abord, l'écran de contrôle n'affiche le temps restant que pour la seule séquence en cours, le maximum de 29 minutes étant celui permis par l'informatique. Mais on n'a aucune idée de la place restant sur la carte SD, et il faut revenir en mode photo pour en avoir une évaluation. Ensuite, le zooming par la couronne d'objectif, si pratique en photo, devient malaisé en vidéo, surtout si la bague porte-filtre est en place. Il faut donc une solide habitude pour réaliser des changements de focale fluides. Enfin, si on ne relève aucun bruit d'autofocus ou de zoom sur la bande son, les fins de séquences sont marquées distinctement par le cliquetis du déclencheur, ce qui est désagréable et doit être coupé au montage.

Une remarque annexe, concernant les conditions de prises de vues elles-mêmes. Les Parisiens sont habitués aux photographes et se baissent, font un détour ou s'arrêtent pour ne pas les gêner. Mais la station, en vidéo, peut durer une dizaine de secondes, et on a la surprise de constater combien cela n'entame pas la patience des passants... J'ai même vu un 4x4 s'arrêter, dans une rue étroite du quartier de la Contrescarpe, pour ne pas couper mon cadrage du trottoir d'en face ! Une récente étude internationale sur les grands secteurs commerciaux de la planète répertoriait les Champs-Elysées dans un rang très médiocre pour plusieurs critères objectifs. Sauf pour un seul : la gentillesse et la prévenance des passants, jamais prise en défaut, paraît-il. Et on dira encore que les Parisiens sont des ours !

                                                                                      Logiciels "Magix Vidéo DeLuxe 17 Plus HD" et "Adobe Premiere Elements 10"

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6 août 2011

Photo et vidéo : le paradoxe des contraires

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Je retiens cette formule de Raymond Depardon, que ReflexNumerick rappelle sur son blog, et qui est tirée du hors série N° 7 du magazine Réponses Photo : "La photo, c'est l'instant. Le cinéma, c'est le temps. Autrement dit, c'est le contraire."

Elle résume tout le paradoxe des reflex qui offrent la vidéo Full HD. Des merveilles, en matière d'images qui bougent, puisque même le cinéma professionnel s'en empare. Lorsqu'on a manié pendant plusieurs années une caméra 16 mm, qu'on a fait de la photo avant, qu'on en a fait après, qu'on conserve donc des chomosomes des deux dans son patrimoine génétique, la tentation est grande de profiter de ce progrès technique. Il a ses adversaires acharnés et des partisans qui ne sont sûrs de rien. Quelques séquences, qu'on trouve sur Dailymotion et Youtube, la plupart proposées par les fabricants d'appareils eux-mêmes, stimulent l'envie.

La contradiction était facile à résoudre, tant qu'il y avait, d'un côté, une caméra de cinq kilos, compliquée à manier, et des appareils reflex de l'autre. Il n'était simplement pas pensable d'emporter les deux dans la même sortie. On ne se posait donc pas de question.

Avec mon nouveau reflex-full HD, j'ai pensé quelque temps qu'on pouvait être Docteur Photo à certains moments, Mister Vidéo à d'autres. D'où ce chapitre de mon blog. Force est de constater que plus d'un an après son ouverture, si je l'ai meublé de plusieurs choses, on n'y trouve pas une seule vidéo de moi. Le théorème de Depardon, qui doit être démontré, comme tous les théorèmes, me paraît donc tourner au postulat : ce n'est pas une question d'encombrement, c'est une affaire de contraires. Photo et vidéo ne s'opposent pas dans une même journée, elles s'opposent chez le même bonhomme, dans le même appareil.

Je n'ai pas renoncé à forcer la contradiction, mais je doute maintenant d'y parvenir, bien que Depardon lui-même l'ait réussi. Peut-être que si j'avais connu un entr'acte photo dans une longue période de cinéma et vidéo, le paradoxe serait le même, mais ce blog serait dédié à la vidéo, avec un chapitre photo... vide de photos. Quel est le crétin qui a dit le premier que rien n'était simple, dans la vie ?

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13 mars 2011

L'Arche de Noé de ma filmothèque

Dans cette rubrique où je comptais ne placer que des vidéos personnelles et des sujets techniques ayant trait aux "images qui bougent", je n'envisageais pas d'introduire des extraits de films célèbres (voir le sujet "Le paradoxe des contraires"). Pour cela, je me suis longtemps contenté de Dailymotion, où j'ai importé près de 300 vidéos au cours de 2007 et 2008. Elles ont, à ce jour, totalisé plus de 1 900 000 visites, suscité 2 242 commentaires, plusieurs milliers de signalements de visiteurs sur Facebook, et elles ont fait l'objet de 3 466 mises en favori. Enfin, 313 visiteurs se sont abonnés, je compte 207 contacts, dont certains devenus des amis, et mes vidéos ont été invitées dans 41 groupes.

Malheureusement, une épidémie sévit sur Dailymotion : un démontage assez régulier, à la demande d'ayants droit ou prétendus tels, souvent des héritiers qui ne se sont donné que la peine de naître. Je ne m'attarderai ni sur le bien fondé des demandes de suppression ni sur l'attitude de Dailymotion : le droit est le droit. Je trouve déjà assez contestable la tendance actuelle à faire fi du droit de la propriété intellectuelle pour m'offusquer. J'observe simplement que ces extraits (volontairement courts) incitent à acheter les DVD correspondants et entretiennent la renommée des films concernés. Je n'ai rien à y gagner et les maisons de production rien à y perdre. Autant je m'interdirais de diffuser des séquences de films récents, dont les acteurs et producteurs sont en pleine activité, autant je ne vois aucun inconvénient à entretenir le souvenir de vieux films, la plupart en noir et blanc, en ayant la certitude de ne spolier personne.

Une forte proportion de ma production est composée de séquences de films dialogués par Michel Audiard. Je n'ai pas attendu le succès des "Tontons Flingueurs" (succès tardif et un peu trop exclusif) pour apprécier ce génie du cinéma. Je le considérais déjà à sa juste valeur, au temps lointain où il était vilipendé, injurié, méprisé par la majeure partie de la critique et les ayatollahs de la Nouvelle Vague ("Plus vague que nouvelle", disait-il). Or ces séquences sont aujourd'hui en première ligne. Plusieurs ont déjà disparu.

J'ai donc résolu de créer une Arche de Noé qui a quelques chances d'assurer la survie de ces séquences menacées. J'ai ouvert un compte chez le concurrent américain, Youtube, encore préservé des coups de hache, du moins pour les films français, et j'y ai embarqué quelques vidéos que j'apprécie. Pour plus de sécurité, elles ne sont identifiées que par des codes anonymes et leur accès est restreint. Elles ne peuvent être vues que d'ici. Autant dire à usage privé...

Voici un premier échantillon. Je l'étofferai si ma tentative rencontre un minimum de succès.

Les films marqués d'une astérisque ont disparu de Dailymotion depuis leur mise en ligne ici.

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Les Mots Fétiches de Michel Audiard

Montage de séquences où reviennent les mêmes phrases, les mêmes scènes...

 

Montage de séquences des films de la grande époque de Michel Audiard, entre 1956 et 1977 : les mots, les phrases, les scènes qui reviennent régulièrement, qui nous sont familiers et qui composent le style si original du dialoguiste.

Les malfaisants, les cadors, les caves, les épées ont été, pendant une quinzaine d’années, fidèles au rendez-vous que leur fixait Michel Audiard, de film en film. Jean Gabin, Bernard Blier, Lino Ventura, Jean-Paul Belmondo, Louis de Funès, Alain Delon, André Pousse, Françoise Rosay et une nombreuse famille d’acteurs ont incarné ces figures aujourd’hui fameuses. La plupart ont dû apprendre à faire sourire. Jusqu’à Audiard, et si on excepte Funès, ils étaient abonnés aux rôles sombres. Cette nouvelle situation leur a donné un accès assuré à la postérité.

C’est le mérite principal de Michel Audiard (1920-1985). Lui a suivi le chemin inverse : la mort d’un fils a abrégé sa vie et l’a conduit à signer les dialogues de quelques films amers («Garde à vue», Claude Miller, 1981, «Espion lève-toi», Yves Boisset, 1982, «Mortelle randonnée», Claude Miller, 1983). Seuls les proches savaient vraiment, car il était d’une grande pudeur et d’une totale discrétion, de combien de blessures secrètes il souffrait.

L’une au moins de ces douleurs est connue, du moins en devine-t-on la cause. C’est la hargne, le mépris, l’acharnement dont les mollahs de la Nouvelle Vague et leurs successeurs ont accablé Audiard au long de toutes ces années, en dépit (ou peut-être à cause) de la faveur du seul vrai juge : le public. Aujourd’hui, les gens de sa partie l’appellent « le Dabe » et enlèvent leur chapeau rien qu’en entendant son blase… Pour tout le monde, Audiard, gouailleur des banlieues mais véritable aristocrate, apparaît pour ce qu’il était : le plus grand.

Cette vidéo est un peu plus courte que celle qui survit encore sur Dailymotion : Youtube n'accepte que des séquences d'un quart d'heure au maximum, contre vingt minutes sur Dailymotion.

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* 100 000 Dollars au Soleil

(Lino Ventura - Bernard Blier - Jean-Paul Belmondo - Andréa Parisy)

" Quand les types de 130 kilos disent certaines choses... "

 

Film d'Henri Verneuil (1963). Scénario de Marcel Jullian et Henri Verneuil, d'après le roman de Claude Veillot "Nous n'irons pas en Nigéria". Dialogues de Michel Audiard. Musique de Georges Delerue.

Dans une région imaginaire du sud saharien. Le propriétaire d'une entreprise de transports, surnommé "la Betterave" (Gert Fröbe) confie un camion neuf à un nouveau venu, Steiner (Reginald Kernan), provoquant la jalousie des anciens de la maison. En fait, le camion contient une cargaison d'armes de contrebande. Une aventurière au courant du trafic (Andréa Parisy) entraîne l'un des chauffeurs, Rocco (Jean-Paul Belmondo), à voler le camion. La Betterave convainc "Plouc" (Lino Ventura) d'essayer de rattraper le fuyard. Il se lance dans l'aventure en compagnie de Steiner. Une poursuite émaillée de surprises, à laquelle participe, de plus ou moins loin, "Mitch-Mitch" (Bernard Blier), qui assure une livraison de carburants sur la même route...

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Un Singe en Hiver

(Jean Gabin - Paul Frankeur - Paul Mercey)

" Oui, monsieur ! Les princes de la cuite, les seigneurs ! "

 

Film d'Henri Verneuil (1962). Scénario et dialogues de Michel Audiard, d'après un roman d'Antoine Blondin. Musique de Michel Magne.

Un port du Calvados. Un aubergiste (Jean Gabin) retrouve dans l'ivresse ses souvenirs du corps expéditionnaire d'Extrême-Orient. Sous un bombardement de juin 1944, il décide d'arrêter de boire. Quinze ans plus tard, un client porté lui aussi sur le voyage dans les Vignes du Seigneur (Jean-Paul Belmondo) vient troubler la bonne résolution... Les deux hommes s'offriront une dernière beuverie.

Scène avec Paul Mercey et Paul Frankeur.

Michel Audiard a réalisé là une vraie performance. La production avait originellement prévu un film sur le monde de la pêche, avec Gabin en vedette. Tout était prêt pour le tournage, un chalutier avait été loué pour un mois. Arrivé à bord, Gabin déclara qu'il ne jouerait pas sur un bateau qui "puait le poisson" (je tiens l'histoire de Jacques Bar, qui produisit la plupart des films de Verneuil et Grangier dans les années 60). Il fut impossible de le faire revenir sur sa décision. Pour éviter le fiasco financier, on fit appel à Audiard, qui venait de lire le roman de Blondin. Le scénario et les dialogues furent écrits en une dizaine de jours, pour qu'on puisse garder les équipes techniques sur place. Le temps ayant manqué pour une adaptation plus libre (et tant mieux), l'osmose entre le roman et le film est parfaite : c'est du pur Audiard et du pur Blondin.
Audiard proposa lui-même Belmondo, encore peu connu. Gabin, qui n'aimait pas les têtes nouvelles, renâcla, mais il dut s'incliner, son caprice ayant déjà coûté très cher.
Le film, comme le livre, est une ode à la poésie (très relative) de la soûlographie. Pour avoir connu Blondin à la fin de sa vie, je peux témoigner, sans rien contester de son grand talent et de sa religion de l'amitié, que ses cuites de fin de journée n'avaient rien de poétique.

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* Le Bateau d'Emile

(Annie Girardot - Lino Ventura)

" Tu vas, tu viens, tu me prends, tu me jettes... "

 

Film de Denys de La Patellière (1961). Dialogues de Michel Audiard, d'après une nouvelle de Georges Simenon (période rochelaise).

François Larmentiel (Pierre Brasseur) dirige à La Rochelle une grosse entreprise familiale de pêcheries, conserveries, etc. Il voit débarquer son frère, Charles-Edmond (Michel Simon), parti courir le monde quarante ans plus tôt. Près de sa fin, celui-ci, pour emmerder la famille, charge un notaire, Me Lamazure (Jacques Monod) de retrouver un enfant naturel à qui il compte léguer sa part de l'entreprise. Il s'agit d'un patron de chalutier plutôt rustique, Emile Bouet (Lino Ventura), qui vit avec une ancienne chanteuse de beuglant, ancienne prostituée, Fernande (Annie Girardot). Pour allumer un contre-feu, François Larmentiel propose un poste important à Emile Bouet, à condition qu'il quitte sa compagne...

Quatre monstres sacrés donnent à ce petit film, assez conventionnel, une dimension quasi historique.

Dans cette scène, on retrouve une Annie Girardot - déjà - émouvante.

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Le Gentleman d'Epsom

(Jean Gabin - Louis de Funès - Jean Lefebvre)

" Croyez-moi, Ripeux, vous en êtes un ! "

Film de Gilles Grangier (1962). Scénario d'Albert Simonin, dialogues de Michel Audiard. Musique de Francis Lemarque et Michel Legrand.

Le commandant Richard Briand-Charmery, ancien officier de cavalerie (Jean Gabin), vit d'expédients dans le milieu des courses, vendant, avec un panache convaincant, des tuyaux crevés à des naïfs, aidé d'un rabatteur (Jean Lefebvre). Parmi les victimes consentantes : le restaurateur Gaspard Ripeux (Louis de Funès), un croupier de salle de jeux (Paul Frankeur) et un tenancier de boîte de nuit (Franck Villard).

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Archimède le Clochard

(Jean Gabin - Marcel Pérès - Pierre Leproux)

" Eh ben, moi, ce qui me les casse, c'est les faux affranchis... "

 

Film de Gilles Grangier (1959). L'assistant réalisateur est Jacques Deray. Dialogues de Michel Audiard, sur une idée de Jean Gabin. Musique de Jean Prodomidès.

Joseph, Hugues, Guillaume Bouttier de Blainville (Jean Gabin) a rejoint la cloche, sans doute après avoir été quitté par sa femme. Devenu «Archimède», il reste un clochard plutôt atypique…

Deux des trois hommes sandwiches sont Marcel Pérès et Pierre Leproux. Je n'ai jamais réussi à identifier le troisième (l'homme qui ne veut pas "aller chercher loin", seulement aux Indes). Si quelqu'un peut m'éclairer...

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Pile ou Face

(Michel Serrault - Philippe Noiret - Pierre Arditi - Dorothée)

" C'était pourquoi, vos disputes ? "

Film de Robert Enrico (1980). Scénario et dialogues de Michel Audiard, d’après le roman «Suivez le veuf», d’Alfred Harris. Musique de Lino Léonardi.

Bordeaux, à l’époque relativement récente où il y avait un port. Une femme tombe par la fenêtre en posant des rideaux et se tue. Son mari, Edouard Morlaix (Michel Serrault), qui rêve sans cesse d’embarquer pour la Polynésie, l’a-t-il poussée ou s’agit-il d’un accident ? L’inspecteur Larrieu (Pierre Arditi), penche pour la seconde hypothèse, mais son collègue Louis Baroni (Philippe Noiret) subodore un crime, d’autant que la chute a suivi une violente dispute. Dès lors, le policier s’acharne sur Morlaix, ne le lâche pas un instant, et une complicité, puis une sorte d’amitié se tissent entre le chasseur et sa proie…

Un face à face entre deux stars trop tôt disparues, un grand numéro d’acteurs. Michel Audiard aborde sa dernière ligne droite, celle de «Garde à vue» (1981) et de «Mortelle randonnée» (1982). Deux films, d'ailleurs, avec Michel Serrault en co-vedette, qui venait de connaître un drame analogue à celui d'Audiard : la perte d'une fille (Audiard avait perdu un fils).

Cette séquence : accident ou meurtre, personne n'en sait rien et nous non plus. Le seul témoin de la scène de ménage (Dorothée)  s'est absenté au moment crucial. L'inspecteur Baroni commence son enquête sur une simple intuition.


" Y a pas de soleil, là-bas ! Je vous ai menti... "

Cette séquence : Edouard Morlaix a signé une lettre d’aveux et attend au pied de son immeuble que l’inspecteur Baroni vienne l’arrêter. Mais le policier, qui a indisposé des notables dans une autre affaire et vient d’être mis à la retraite d’office avec rang de commissaire, a soudain d’autres projets. Détail non négligeable : sa malette contient un énorme pot de vin, que vient de lui offrir un truand de haute volée.

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Les Cinq Martyrs du Lycée Buffon

(Montage personnel)

Leurs dernières lettres lues par des lycéens

Il n’y a pas que Guy Môquet qui ait écrit à ses proches une lettre d’adieu belle et émouvante avant d'être fusillé. Des dizaines de jeunes martyrs de la Résistance l'ont fait. Cinq élèves du lycée Buffon, à Paris, fusillés le 8 février 1943, sont allés au bout de leur engagement de résistants, en nous léguant un message de courage et d’espoir qu’il est difficile d’évoquer sans émotion.

La polémique à laquelle a donné lieu la recommandation présidentielle de lire dans les salles de classe la dernière lettre de Guy Môquet est malheureuse. En tout cas, elle révèle le chemin parcouru, en France, depuis que les "Hussards noirs" de la République exaltaient devant leurs élèves l'héroïsme résistant et les valeurs patriotiques. Les enseignants devraient bien se rappeler aussi les noms des professeurs de Buffon déportés ou fusillés : Raymond Burgard, Jacques Cahen, Guy Iliovici, Alfred Peron, Henri Vachel, André Vattier, Paul Vieille, Henri Zivy.

Faut-il laisser oublier des adolescents qui ont donné leur vie sans hésiter, dans le combat pour la France et contre les nazis, et qui sont partis au peloton en chantant ? Certainement pas. Leurs visages, leurs mots, leur exemple doivent demeurer vivants. Si les classes ne sont plus ces lieux d'élévation civique d'autrefois, c'est à chaque citoyen, se considérant comme tel, d'entretenir le souvenir.

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La Gueule de l'Autre

(Michel Serrault - Jean Poiret - Marco Perrin - Robert Rollis)

" Mais vous êtes cinglé ! J'ai jamais fait ça... "

Film de Pierre Tchernia (1979).

Un comédien raté ressemble trait pour trait à son cousin, homme politique et chef de parti. Mais ce dernier est soudain la cible d'un truand évadé, ancien complice dans une affaire louche. Pendant qu'il se cache du tueur, on propose au comédien de jouer sa doublure. Il y parvient finalement assez bien, malgré quelques difficultés, ce qui fait de cette comédie une fable sociale intéressante...

Michel Serrault interprète naturellement les deux rôles, partageant la vedette avec son vieux complice Jean Poiret, en collaborateur sans scrupules de l'homme politique.

Egalement, dans cette séquence : Marco Perrin (l'orateur) et Robert Rollis (le technicien).

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Ces Messieurs de la Santé

(Raimu - Pauline Carton - Lucien Baroux)

" Monsieur le commissaire, je vous arrête ! "

Film de Pierre Colombier (1933).

Un grand banquier (Raimu), compromis dans un scandale financier, est incarcéré à la prison de la Santé, s'en évade et trouve refuge comme veilleur de nuit, sous une fausse identité, dans un commerce familial de bonneterie. Il y progresse, profil bas, fait prospérer l'affaire, jusqu'au jour où...

Avec Pauline Carton (Mme Génissier), Lucien Baroux (Amédée), Paul Amiot (le commissaire), Pierre Stephen (Hector Génissier), Guy Derlan (Zwerch), Monique Rolland (Ninon). Et également, hors de cette scène, Edwige Feuillère.

Voir Raimu sur Dailymotion et Youtube devient un plaisir rare. Soit ses films sont anciens et peu diffusés (il est mort en 1946), soit il s'agit de réalisations de Marcel Pagnol. Or les héritiers du grand écrivain-cinéaste, ses petits-enfants, ont décidé d'assurer eux-mêmes la diffusion des oeuvres dont ils détiennent les droits. Ils ont fait atomiser la totalité des séquences mises en ligne, par moi et par d'autres, et celles qu'ils se réservent sont confidentielles et de second ordre. Comme le rythme des programmations télévisées s'est beaucoup ralenti, sans doute pour les mêmes raisons de gros sous, la production cinématographique de Pagnol est en passe de devenir un souvenir d'esthètes sexagénaires. Bien joué, les enfants !

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La Bataille du Rail

(Docu-fiction de René Clément)

" Ici s'efface le pouvoir des mots. "

Chef-d’œuvre de René Clément (1945). Musique d'Yves Baudrier. Grand prix de la Mise en scène et prix du Jury du Festival de Cannes 1946 (la Palme d'Or nexistait pas encore).

Un monument du cinéma français de l’immédiat après-guerre. Ce qu’on appellerait aujourd’hui un «docu-fiction», montrant et expliquant l’action des cheminots résistants pendant l’Occupation. En 1944, d’ailleurs, «cheminot résistant» devient un pléonasme : personnel roulant, aiguilleurs, chefs de gare, ouvriers, cadres, ingénieurs, presque dans leur intégralité, multiplient les actions de sabotage, de destruction et de retardement des trains allemands, au péril de leur vie, ce qui sera d’une aide précieuse aux Alliés aux cours des combats de la Libération.

La distribution comprend une star, invisible, Charles Boyer (le récitant), mais peu d’acteurs professionnels. Les autres sont des cheminots jouant leur propre rôle et des prisonniers allemands. La SNCF a engagé des moyens énormes, prêtant, voire sacrifiant un important matériel au profit de la production.

L'une des scènes majeures : l’exécution de six otages pris au hasard dans la gare après une série de sabotages. Comme le dit le récitant, «ici s’efface le pouvoir des mots».

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Les Grandes Vacances

(Louis de Funès - Olivier de Funès - Claude Gensac - Martine Kelly - Mario David)

" The day was good for you ? "

Film de Jean Girault (1967). Dialogues de Jacques Vilfrid. Musique de Raymond Lefebvre.

Charles Bosquier (Louis de Funès) dirige un internat de luxe des Yvelines avec sa femme (Claude Gensac), servi par une bonne qui doit passer son temps à «aller se coucher» (Christiane Muller). Le fils cadet (Olivier de Funès), fayot et faux derche, profite des vacances pour faire la fête avec une séduisante pensionnaire britannique (Martine Kelly, qui connut son heure de notoriété dans la chanson yéyé). Mais c’est l’aîné qui enlèvera la belle, et l’équipée se terminera en Ecosse, où les deux pères tenteront – sans succès – d’empêcher le mariage.

Montage de trois séquences du début, non contiguës mais qui s'enchaînent. Avec Mario David (le conducteur de la Mini).

L’un des meilleurs Funès. L’équipe de la série des «Gendarme»  présente une comédie enlevée. C’’était pourtant l’époque où Télé 7 Jours fustigeait «la pauvreté des gags» et ce «scénario sans surprise, qui emprunte ses recettes au vaudeville le plus archaïque». Rappelons-nous qu’Audiard était pareillement traité. Le «vrai cinéma», n'est-ce pas, était celui d’Agnès Varda… Le temps s’est chargé de rétablir le sens des réalités.

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Une Souris chez les Hommes

(Louis de Funès - Maurice Biraud - Dany Carel - Dora Doll)

" Deux briques à se prendre ! C'est dans la fouillette ! "

Film de Jacques Poitrenaud (1964), également titré «Un drôle de caïd», dans une réédition. Adaptation d’Albert Simonin et Michel Audiard. Dialogues de Michel Audiard. Musique de Guy Béart et Michel Colombier.

Deux cambrioleurs, Marcel (Louis de Funès) et Francis (Maurice Biraud), organisent un casse chez un riche commerçant en lingerie (Robert Manuel). Ils sont surpris en pleine action par une voisine de palier, jeune bourgeoise délurée (Dany Saval), qui, sous la menace de prévenir la police, les oblige à l’associer à leurs affaires.

Cette séquence : Marcel, se faisant passer pour chirurgien, séduit la caissière du magasin (Dora Doll) pour lui soutirer les renseignements nécessaires. Avec Dany Carel (la femme de Francis).

La distribution comprend aussi Jean Lefebvre, Maria Pacôme, Claude Piéplu, Jacques Legras, Philippe Castelli, Jacques Dynam.

Louis de Funès est au tournant de sa carrière, alors que les producteurs (toujours aussi clairvoyants) sont encore réticents à bâtir un film sur son nom. Il est la vedette de quatre autres succès, cette année-là : «Faites sauter la banque» (Jean Girault), «Des pissenlits par la racine» (Georges Lautner), «Le Gendarme de Saint-Tropez» (Jean Girault) et «Fantômas» (André Hunebelle). Il tournera «Le Corniaud» l’année suivante et «La Grande Vadrouille» (Gérard Oury) deux ans plus tard.

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Les Otages

(Saturnin Fabre - Fernand Charpin - Pierre Larquey - Noël Roquevert)

" C'est la première fois qu'il découche. Enfin, je l'ai toléré, c'est pour la France. "

Chef-d’œuvre de Raymond Bernard (1938). Dialogues de Jean Anouilh. Musique de Darius Milhaud.

Un village du nord-est du Bassin parisien, début août 1914. Tandis qu’une querelle de voisinage oppose depuis des années le maire, Adrien Beaumont (Fernand Charpin), au hobereau local, Rossignol (Saturnin Fabre), les armées du Kaiser déferlent sur le nord de la France. Le fils du hobereau a profité d’une permission pour épouser secrètement la fille du maire (Annie Vernay). Passant une nuit avec elle, il est pris au piège par l’avance allemande et tue un officier, puis regagne ses lignes. L’occupant réclame cinq otages, faute de quoi le village sera rasé au canon avec ses habitants. Ces otages seront fusillés à l’aube si l’auteur du coup de feu n’est pas arrêté. Beaumont, Rossignol et trois autres notables (Pierre Larquey, Noël Roquevert et Pierre Labry) se présentent et vont rejoindre le braconnier Rodillard (Dorville) dans les caves de la mairie. Pendant cette dernière nuit, ils font assaut de courage pour se soutenir mutuellement. A l’aube, ce ne sont pas des Allemands qui viendront les chercher, mais les dragons français, en pleine contre-offensive de la Marne.

Avec Marguerite Pierry et Mady Berry (les épouses).

Le réalisateur Raymond Bernard (1891-1977) était le fils de l'humoriste, écrivain et auteur dramatique Tristan Bernard. Lorsque ce dernier est arrêté par la Gestapo, un matin de 1943, du fait de ses origines juives, il déclare à sa femme : "Jusqu'ici, nous vivions dans la crainte, désormais nous vivrons dans l'espoir." Espoir justifié, d'ailleurs, car le couple, envoyé au camp de Drancy, est libéré trois semaines plus tard sur l'intervention de Sacha Guitry. Mais l'un de ses petits-enfants ne reviendra pas de déportation.

[Le scénario accorde aux occupants une attitude assez convenable pour que le film ait pu être présenté en Allemagne, et donc sous-titré. Cette copie est un remontage d’après-guerre, réalisé à l’aide de certaines scènes sous-titrées.]
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Un thème trop méconnu : celui de l’attitude courageuse de la plupart des édiles, souvent bourgeois établis, devant les exigences de l’occupant, au cours des deux guerres. Je veux simplement citer l’armateur Léonce Vieljeux, maire de La Rochelle, qui refusa de faire hisser le drapeau nazi sur son hôtel de ville, le 23 juin 1940, participa à la Résistance et finit fusillé au camp du Struthof, le 2 septembre 1944, à l’âge de 80 ans.

 

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Le premier Audiard

Mission à Tanger

(Raymond Rouleau - Louis de Funès - Mila Parély - Gaby Sylvia)

" Non mais, regarde-moi : est-ce que j'ai l'air d'être en guerre ? "

Film d'André Hunebelle (1949). Collaboration technique d'Yves Ciampi. Dialogues de Michel Audiard.

C'est la première apparition de Michel Audiard dans un générique. L'histoire se passe à Tanger pendant la guerre. Un journaliste insouciant et séducteur, Georges Masse (Raymond Rouleau), repousse les avances de ses amis du réseau local de Résistance, commandés par un mystérieux Connétable. On apprendra à la fin que  le Connétable n'est autre que le journaliste frivole.

Quelques très jeunes acteurs font une apparition muette : Jean Richard, la future speakerine Jacqueline Huet et Gérard Séty. Pour Louis de Funès, c'est le dixième film depuis 1945 (les neuf autres dans des rôles de deux à cinq secondes). Les deux vedettes féminines sont Gaby Sylvia et Mila Parély.

Encore un film inspiré de «Casablanca», mais sans la prétention d'en approcher... «Un scénario con comme la lune, commentera Audiard. Mais les dialogues ont bien fonctionné.»

C'est le début d'une série de trois. Le journaliste Georges Masse apparaîtra encore dans «Méfiez-vous des blondes», avec Martine Carol (1950), et «Massacre en dentelles», avec Anne Vernon (1951).

Selon un pointage personnel, les réalisateurs ayant le plus tourné avec Audiard sont Georges Lautner (douze films), Gilles Grangier (onze films), Henri Verneuil (huit films), Denys de La Patellière (six films), André Hunebelle (cinq films), Philippe de Broca (quatre films), Guy Lefranc et Jean Delannoy (trois films). Les acteurs fétiches sont Jean Gabin et Bernard Blier (dix-neuf  films chacun).

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Quai des Orfèvres

(Louis Jouvet - Simone Renant)

" Avec les femmes, vous n'aurez jamais de chance ! "

Film d’Henri-Georges Clouzot (1947). Scénario et dialogues du metteur en scène. Musique de  Francis Lopez et Albert Lasry.

L'ne des dernières scènes de ce film majeur du grand réalisateur : l’enquête complexe que mène l’inspecteur Antoine (Louis Jouvet) sur le meurtre d’un vieux bourgeois pervers (Charles Dullin) touche à sa fin. Dora Monier (Simone Renant) s’est accusée pour sauver son amie Jenny Lamour (Suzy Delair), dont elle est discrètement amoureuse et qu’elle croit coupable. Mais le policier a identifié le véritable auteur du meurtre, qui n’est évidemment aucun de ceux qu’on a soupçonnés jusque là.

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Maigret et l'Affaire Saint-Fiacre

(Jean Gabin - Michel Auclair - Robert Hirsch - Paul Frankeur)

"  Car voilà l'arme du crime ! "

Film de Jean Delannoy (1958), d'après le roman de Georges Simenon. Dialogues de Michel Audiard.

Maigret (Jean Gabin) revient au village de son enfance, dans l'Allier, au château de Saint-Fiacre, dont son père a été régisseur. La comtesse (Valentine Tessier) a reçu une menace de mort anonyme. Elle meurt pendant la messe, d'une crise cardiaque. Maigret apprend que Mme de Saint-Fiacre était très fragile du coeur et découvre qu'une main criminelle a glissé dans son missel une coupure du journal local annonçant faussement le suicide de son fils, noceur et prodigue (Michel Auclair). Les soupçons se porteront sur le jeune comte et sur Sabatier, le secrétaire et amant de la comtesse (Robert Hirsch). Mais, au cours d'un dîner qu'il organise, Maigret confond le coupable, tout à fait inattendu.

Avec Paul Frankeur (le médecin), Michel Vitold (le curé), Jacques Marin (le majordome),  Jacques Morel (l'avocat), Serge Rousseau (Emile) et Camille Guérini (le régisseur).

La colère du commissaire est à la mesure de l'affection filiale qu'il portait à la comtesse.

Le second des deux Maigret mis en scène par Delannoy et des trois d'Audiard (le troisième, signé par Gilles Grangier, en 1963, «Maigret voit rouge», adapté du roman «Maigret et les gangsters», est plus faible).

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Les Portes de la Nuit

(Carette - Yves Montand - Raymond Bussières)

" C'est ça même : un vrai conte de fées. "

Film de Marcel Carné (1946), dialogues de Jacques Prévert, musique de Joseph Kosma. Décors d'Alexandre Trauner (dont la reconstitution d'une station du métro aérien).

Ce drame est peut-être le meilleur et sûrement le moins connu de Carné. Tourné aussitôt après la fin de la guerre et se déroulant une nuit de l'hiver 1945, avec un gros budget, le film fit un four complet : la critique se déchaîna, le public ne vint pas. Jacques Prévert en fut tellement meurtri qu'il abandonna pratiquement le cinéma.

Yves Montand fait ses débuts. Jean Vilar, grand comédien de théâtre et fondateur du TNP et du Festival d'Avignon, mais trop rare au cinéma, joue le rôle mystérieux du Destin. Avec Julien Carette (M. Quinquina) et Raymond Bussières.

Les personnages de Diego (Yves Montand) et Malou (Nathalie Nattier) étaient originellement destinés à Jean Gabin, l'acteur fétiche de Carné, et sa compagne d'alors, Marlene Dietrich.

Deux chansons, dont l'une devenue célèbre, ont été écrites par Prévert et composées par Kosma pour ce film: «Les enfants qui s'aiment» et «Les feuilles mortes». Montand les a immortalisées ensuite, mais ce n'est pas lui qui les chante dans le film.

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La Belle Américaine

(Robert Dhéry - Louis de Funès - Jean Lefebvre)

" Dites : 697 et 478, allez, ça fait combien ? "

Film de Robert Dhéry (1961). Scénario de Robert Dhéry et Pierre Tchernia. Dialogues d'Alfred Adam. Musique de Gérard Calvi. Avec l'essentiel de la troupe des Branquignols.

Marcel (Robert Dhéry), ouvrier métallurgiste habitant un quartier populaire de la Plaine-Saint-Denis, achète une magnifique décapotable américaine pour 450 F (moins d'un millier d'euros d'aujourd'hui). La propriétaire, Mme Lucanzas, a voulu brader cet héritage de feu son mari, parce que le produit de la vente devait revenir à la secrétaire et maîtresse. Mais, à cette époque pourtant prospère, les ouvriers allaient plutôt à Solex, et cette belle américaine vaut à son nouveau possesseur une cascade d'ennuis.

Louis de Funès joue un double rôle : celui, au début, du contremaître qui licencie Robert Dhéry au vu de sa trop belle voiture (cette séquences) et, ensuite, celui de son frère jumeau de commissaire qui ne veut pas croire que la voiture ait été acquise honnêtement.

Avec Jean Lefebvre (chef comptable au début de la scène, comptable à la fin).

On remarquera ici le principal ressort du comique de Louis de Funès. Il ne s'agit ni des colères (souvent assez domptées et modulées), ni des grimaces (il y en a beaucoup moins qu'on ne l'a dit, et l'acteur est bien plus subtil que ne le laissent croire tant de jugements sommaires). C'est d'impatience qu'il est question. Funès n'est jamais plus drôle que lorsqu'il bout, sur place, des lenteurs de l'interlocuteur ou de la situation. L'impatience ne débouche sur des réactions colériques qu'après une montée en pression savamment graduée.

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Au Plaisir de Dieu

(Jacques Dumesnil)

" Je suis, par droit de naissance, duc et pair de France ! "

Série TV française tirée du roman éponyme de Jean d'Ormesson (1977). Réalisation : Robert Mazoyer.

La scène se passe pendant l'invasion de 1940. Le général commandant les armées allemandes installe son quartier général au château de Plessis-lès-Vaudreuil (le tournage avait pour cadre le château de Saint-Fargeau, qui fut la propriété des Ormesson). L'après-midi, il croise dans le parc le maître des lieux, le duc de Plessis-Vaudreuil, qui ne le salue pas. Le soir, il le convoque pour laver l'affront.

Jacques Dumesnil (1904-1998) n'avait joué jusque là que des rôles secondaires d'escroc ou d'officier. Il est «le Mexicain» qui meurt au début des «Tontons flingueurs» en laissant un lourd héritage à Lino Ventura. Le personnage de Sosthène de Plessis-Vaudreuil le propulse vers le vedettariat, dont il n'aura guère le temps de profiter. Pour situer l'importance du rôle, précisons que la production avait envisagé Laurence Olivier ou Vittorio Gassman, finalement jugés peu crédibles en vieux duc français.

Le général von Stulpnagel (qui parlait parfaitement le français) finit pendu pour sa participation au complot contre Hitler du 20 juillet 1944.

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Rio Bravo

(John Wayne - Dean Martin - Ricky Nelson - Walter Brennan)

" My Rifle, my Poney and me "

Film d’Howard Hawks (1959) VF. Musique de Dimitri Tiomkin.

Le sheriff John Chance (John Wayne) emprisonne pour meurtre Joe Burdette (Claude Akins), frère d’un gros fermier, Nathan Burdette (John Russel), qui tient la région sous sa coupe, assisté de plusieurs dizaines d’hommes de main, et qui entend bien libérer le prisonnier. Son adjoint, Dude (Dean Martin), a sombré dans l’alcoolisme après une déception sentimentale mais tente de retrouver sa dignité. Une femme recherchée comme tricheuse aux cartes, Feathers (Angie Dickinson), arrive par la diligence et cherche aussi sa rédemption auprès du rude sheriff, qui ne la ménage pas. Aidé de son second adjoint, le vieux Stumpy (Walter Brennan), et d’un jeune homme de passage que rien n’impressionne, Colorado (Ricky Nelson), le sheriff Chance viendra à bout de Nathan Burdette et de sa bande.

Une construction parfaite, sans temps mort, des personnages à la psychologie complexe, joués par des acteurs de premier plan, une musique grandiose de Tiomkin : Howard Hawks (prononcer «Hax») a signé là le western des westerns.

La fameuse soirée dans le bureau du shériff. Dean Martin, le crooner numéro un de l’époque, chante «My rifle, my poney and me». Ricky Nelson enchaîne avec «Cindy, Cindy». Dans ce film, l’acteur n’a que 19 ans. Il a commencé deux ans plus tôt une brillante carrière de chanteur. Il trouvera la mort en 1985 dans un accident d’avion.

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2 janvier 2011

16 mm : un argentique menacé par le numérique

Dernière mise à jour : 15 octobre 2011
(conseils d'achat, en encadré à la fin de l'article).

 

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La caméra Bolex H16 est d’abord une œuvre d’art, une magnifique pièce d’horlogerie suisse. C’est ce qui incite aujourd’hui ses possesseurs à la conserver, comme un bibelot. Hélas, la pellicule devient difficile à trouver, ce qui justifie des prix prohibitifs, et les labos de développement ont déserté le continent. C’est évidemment la vidéo qui est en train de tuer le film. Voilà un argentique que le numérique aura éradiqué en une dizaine d’années et qui ne subsiste déjà plus que dans le milieu professionnel (je ne m'intéresse ici qu'au matériel pour amateurs).

Le Super-8 lui-même a succombé, malgré sa vocation grand public, mais c’est normal : il n’y a aucune commune mesure, en termes de prix et de qualité, entre ces films d’amateur des années 70 et ce qu’on peut faire aujourd’hui avec un simple téléphone portable. L'avenir même du 35 mm en salle paraît menacé à court terme par les nouvelles techniques, notamment 3D.

Jusqu’à l’arrivée des premiers camescopes, et même pendant une vingtaine d’années au-delà, jusqu'à une époque toute récente, le film 16 mm est resté le format par excellence des reporters et des producteurs de documentaires ou de téléfilms.

La vidéo des années 80 présentait plusieurs avantages majeurs, par rapport au film : le visionnage immédiat des séquences, la légèreté, le coût relativement acceptable à la minute, et surtout le son. Mais que de défauts ! Des images baveuses, des couleurs blafardes, une rémanence pénible du capteur, une balance des blancs flageolante, et du son, certes, mais pitoyable.

Pour avoir du son sur une caméra de 16 mm des années 1970-80, il fallait lui adjoindre un équipement synchrone important, et le montage exigeait un matériel et des compétences quasi professionnels. Dans le domaine amateur, seules une Beaulieu et les Bolex de dernière génération, avec moteur électrique, ont offert une prise de son directe, sur pellicule pistée, mais leur prix était plutôt dissuasif. Quant aux projecteurs dotés de la lecture optique et magnétique et de l’enregistrement magnétique, susceptibles de permettre une postsynchronisation facile, ils valaient eux aussi le prix d’une voiture de niveau moyen.

Les défauts du Super-8

Mais une caméra muette et un projecteur à simple lecture optique restaient à la portée d’un amateur, et on en trouvait à des prix abordables sur le marché de l’occasion (c'est toujours vrai aujourd'hui). Les grands documentaires animaliers de Frédéric Rossif ont été tournés avec une H16 toute simple (mais avec le fabuleux zoom 12-120 d’Angénieux). Le bénéfice tenait à la qualité de l’image, d’une finesse, d’un piqué, d’un contraste et d'une espèce d'élégance des couleurs qu’on ne retrouve aujourd’hui qu’avec la HD 1080p. Et encore y faut-il un matériel haut de gamme, certains appareils photo damant le pion aux camescopes professionnels les plus huppés (voir l'encadré en fin d'article).

Ignorons le Super-8, qui ne rivalisait même pas avec les premiers camescopes. Si l’image était un peu plus grande que celle du 8 de grand-papa, à largeur de film identique, grâce à des perforations plus petites, le système imposait un presseur de film en plastique, intégré à la cassette contenant le film. La surface sensible flottait donc de quelques centièmes de millimètres, par rapport au plan focal, approximation suffisante pour produire une image au piqué douteux. Les obturateurs étaient eux aussi de faible qualité, de sorte que l’image sautillait au moindre panoramique, sans parler des premiers zooms qui équipaient ces caméras à usage généraliste. Certes plus pratique à manipuler, grâce à ses cassettes, et facile à sonoriser (mais toujours à prix élevé), le Super-8 marquait plutôt une régression qualitative par rapport au 8.

Rien de tel avec le 16 mm : un excellent presseur, intégré à la caméra, maintient la surface sensible contre la fenêtre, calée au micron près. Quant à l'obturateur à volets rotatifs, il est réglable manuellement, de manière à garantir une vitesse d’obturation adaptée au style de prise de vue. Les optiques, souvent coûteuses, assurent un piqué et un contraste dignes de nos objectifs photo à anneau jaune ou rouge. D'ailleurs, la pellicule la plus utilisée par les amateurs, la Kodachrome 25, avait une sensibilité de 25 ASA (ISO), dont on imagine la finesse, et cela exigeait des objectifs particulièrement lumineux. Signalons pour mémoire le Super-16, créé sur le même principe que le Super-8, avec perforations réduites, mais qui n'aura guère eu l'occasion de s'imposer, malgré un surcroît de qualité indéniable (on trouvera quelques éléments utiles d'information technique et historique sur les deux formats, 16 et Super-16, dans une courte notice de Wikipedia).

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Film Kodachrome 16 mm à simple rangée de perforations, disposition nécessaire pour l'installation d'une piste son (ici, magnétique). La double rangée offre une meilleure stabilité et permet d'inverser la pellicule pour obtenir certains trucages. La pellicule 16 mm à double rangée était aussi utilisée dans les caméras de... 8 mm : une fois le film impressionné jusqu'au bout, on le retournait, pour impressionner l'autre moitié. Au labo, on coupait le film en deux dans le sens de la longueur, avant de coller, bout à bout,  les deux sections obtenues. Il fallait veiller à ne pas retourner le film une fois de trop : c'est à la suite d'une telle distraction que j'ai retrouvé, après une prise de vue sur les Champs-Elysées, un 14 Juillet, la voiture du président Pompidou encadrée de deux autruches, filmées précédemment dans le parc animalier de Thoiry.

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Le Kodachrome 25 ISO : une finesse exceptionnelle mais une grande gourmandise en luminosité
(on ne s'attardera pas sur le mois de péremption de cette relique restée inutilisée : mai 1977).

Des accessoires permettent enfin quelques trucages compliqués, que la vidéo et l’informatique d’aujourd’hui rendent enfantins : fondu enchaîné (avec un accessoire dit "RX Fader" sur la Bolex), ralenti, accéléré, surimpressions diverses, titrage (avec compendium porte-cache), etc. Car, en-dehors des labos des studios de cinéma, il n’est guère concevable d’opérer des trucages en postproduction.

Les meilleurs appareils photo actuels proposent une fonction de vidéo très élaborée, mais nombre de photographes méprisent cet usage, parfois avec une véhémence pathologique. Certes, on peut difficilement concilier les deux activités, sauf à dédoubler sa personnalité : Docteur Photo un jour, et Mister Vidéo un autre jour… Je dois dire pourtant qu'avec ces appareils récents, on retrouve les joies complexes de la prise de vue en 16 mm. C’est ce qui m’a incité à rédiger cet article.

Car ce n’était pas une sinécure de balader un engin de près de quatre kilos, souvent avec son trépied en fer galvanisé, de faire pivoter selon les besoins la tourelle de trois objectifs, de régler l’obturateur, la cadence, la distance et le diaphragme, tout cela à la main, et naturellement de contrôler les paramètres de lumière avec un posemètre (qu'on appelait une "cellule" pour faire plus chic, d'où le féminin de la fameuse Lunasix). Rien n’était automatique, sauf sur les caméras de dernière génération. Rien n’était électrique, pas même l’entraînement du film : un ressort, tendu par manivelle, garantissait une demi-minute de mouvement. Au moins ne risquait-on pas de se trouver à court d'alimentation.

Autant dire que, lorsqu’on a connu (et apprécié) ce régime pendant quelques années, aucun appareil photo ne paraît compliqué à utiliser. A bien utiliser, évidemment, on me dira que c'est autre chose...

 


 

Trouver du film et un labo

Des adresses circulent sur Internet et dans les clubs spécialisés. Trouver du film et où le faire développer reste un parcours d’obstacles, généralement cher. Le temps est loin où Kodak tenait la presque intégralité du marché, avec un laboratoire à Sevran, en région parisienne. L’Ektachrome et le Kodachrome étaient traités en une semaine, avec retour par la poste. Dans les années 1970, le Kodachrome se vendait, développement compris, une quarantaine de francs la petite bobine standard de trente mètres, laquelle permettait un tournage de quatre minutes à 18 images/seconde (le 24 i/s était d'un peu meilleure qualité mais réduisait la durée de la bobine et augmentait le coût d'autant,  de sorte qu'on le réservait aux films sonores, pour une bonne bande passante). Cela équivaudrait aujourd'hui à une trentaine d’euros ou quelque 8 € la minute. L’Ekta était distribué en plusieurs sensibilités, positif et négatif. Mais Kodak a fermé son laboratoire voilà quelques années, lorsque le Super-8 n’a plus intéressé que quelques mordus. Reste que ces émulsions Kodak, en film de n'importe quel format, cinéma et photo, passent allégrement les décennies, et on ne peut pas en garantir autant de nos supports numériques...

Je recommande d'abord un site, qui fourmille d'informations utiles : Filmlabs.org. Il m'est signalé par Alexandra, une passionnée de la pellicule avec laquelle j'ai eu un échange de points de vue aussi courtois que constructif (voir dans les commentaires). Les autres adresses que je communique sont indicatives, leur liste n'est pas limitative. Pour le développement : Cine Dia en France, Dejonghe en Belgique. Pour la vente de films : Wittner Cinetic en Allemagne ou FilmCameraKit.Com en Angleterre (j’ai aussi trouvé de la colle de montage chez Digit Photo, l’excellent vendeur en ligne de matériel photo). Les fournisseurs et labos qui restent sont plutôt (et pour combien de temps ?) à usage professionnel. Les clubs de cinéastes amateurs se raréfient d’année en année. Une fédération, la FFCV, tend à les regrouper, mais avec des vidéastes. Quant à Bolex, en Suisse, l'entreprise, en pleine santé, produit toujours des caméras haut de gamme et assure la maintenance de ses anciens matériels. C'est méritoire. Elle offre même de transformer une caméra H16 en Super-16, facilement et à un "prix abordable". Son site est une vraie mine d'informations (en anglais). Signalons enfin un forum sympathique à fort potentiel de compétence, qui présente un secteur 16 mm : CameraVideo.Net.




D'autres modèles de caméras 16

Les stations locales de télévision française utilisaient des Pathé Webo à tourelle, dans un niveau de gamme comparable à celui de la Bolex H16, mais plus rudimentaires. Les équipes nationales étaient pourvues d'imposantes Eclair à porter sur l'épaule. Les reporters free lance très aisés employaient des Arriflex, qu'on rencontrait aussi sur les plateaux de tournage de téléfilms : la Rolls des caméras de 16. Les reporters internationaux ont également popularisé, pendant la Seconde Guerre mondiale et longtemps après, la petite Bell & Howell à tourelle, très maniable et robuste. Mais seules la Pathé Webo, la Bolex H16 et l'élégante Beaulieu R 16 étaient prisées des amateurs.



 

Quelques photos de la Bolex H16...

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Un posemètre Gossen, spécialement dédié à la Bolex H16, trouvait place sur une griffe porte-accessoires, sans intervenir en rien dans les réglages, qui restaient manuels. Ce petit frère de la célèbre Lunasix manquait de précision, et l'usage d'une vraie Lunasix était recommandé pour un travail soigné.

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     La Lunasix de Gossen, ainsi appelée parce qu'elle pouvait mesurer avec une précision rigoureuse le faible éclairage de la lune. Elle demeura très longtemps sans rivale. Bien qu'elle fût destinée à la photo et au cinéma, avec une fenêtre spécifique pour ce dernier, son paramétrage ne correspondait pas exactement à celui de ma Bolex. De sorte qu'un carton d'équivalences, en cadences et vitesses d'obturation, était (et est encore) collé dans le rabat d'étui de la mienne. Ce posemètre et celui de la Bolex sont difficilement utilisables aujourd'hui, faute de batteries au bon voltage. La solution consiste à commander un adaptateur chez l'inévitable Digit Photo. Il s'agit d'un petit tube qui rechemise le logement de la Lunasix, pour qu'y prennent place deux batteries "boutons" de 1,5 v Panasonic SR44, plus petites que celles d'origine. Un élément microscopique dans le culot abaisse la tension au 1,35 v requis (j'ai vérifié au voltmètre : ça marche). Un test a cependant continué à révéler des écarts de plusieurs diaphragmes, par rapport aux mesures relevées par mon EOS en conditions de lumière normale ou faible. On ne peut même pas faire de corrections intuitives, car l'aberration n'est pas linéaire. Or, quand on se lance dans une pose de plusieurs minutes, il vaut mieux avoir des références précises. Si la Lunasix a mal vieilli, au fond d'un tiroir, il faut alors se lancer dans un réétalonnage. Sur la mienne, il a pris deux heures de tâtonnements minutieux, mais on peut toujours s'en remettre à un professionnel si on en connaît un.

 

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     Le système RX Fader de la Bolex, en option, pour les fondus enchaînés. Un levier 1 sert à régler progressivement la position de l'obturateur. Plus on l'abaisse, plus la vitesse d'obturation augmente, plus l'image s'assombrit, et vice versa. Un second levier 2 permet, grâce à un mécanisme d'horlogerie commandé par celui d'entraînement, d'abaisser avec régularité la commande d'obturateur, pendant le tournage, selon un nombre d'images déterminé. A la fin de la phase d'obscurcissement, le mécanisme d'entraînement du film s'arrête automatiquement. Il suffit de rembobiner le film, à l'aide d'une manivelle, du nombre d'images voulu, grâce à la fenêtre 3 d'indication d'images. Puis on reprend le tournage en poussant le levier 2 vers le haut, ce qui relève celui de l'obturateur, le tournage continuant ensuite. On obtient un parfait fondu enchaîné. On voit, à gauche de la commande d'obturateur, l'axe de manivelle et un petit cercle barré, signalant le plan focal pour certaines mesures de précision. Le levier du fader contourne harmonieusement la manette de débrayage du mécanisme d'entraînement, pour le rembobinage. A sa gauche : la fenêtre d'indication du métrage de film impressionné. En bas de la photo : le bouton de réglage de la cadence, étagée de 12 images/sec. (effet d'accéléré) à 64 images/sec. (extrême ralenti), diaphragme et vitesse d'obturation devant être adaptés en conséquence. Rien de simple, mais quel plaisir !..


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    La Bolex H16, avec son équipement à peu près complet : fader, posemètre et poignée, laquelle se fixe et s'enlève rapidement par un verrou. On distingue, au-dessus de la gâchette, la glissière porte-compendium. Ce modèle, l'un des derniers mécaniques, est à visée réflex : trois prismes renvoient l'image jusqu'à l'œilleton à réglage dioptrique. Un volet empêche un éventuel retour de jour par l'œilleton.
    La tourelle porte trois objectifs Som-Berthiot : un remarquable 1:1.4/25 mm, au piqué et au contraste saisissants, un grand angle 1:1.9/10 mm un peu mou et un "zoom de poche" Pan Cinor 1:3.8/17-85 (il était conseillé de relier le levier du zoom à celui de la tourelle par un élastique, pour rendre le mouvement plus fluide). Le tout à monture C à vis, un adaptateur autorisant le montage d'objectifs pour appareils 24x36. Le fantastique Angénieux 12-120 à manivelle (24-240 en équivalent 24x36) était réservé aux professionnels, du fait de son prix très élevé: quelque 12 000 F dans les années 1970 (environ 8 000 € actuels). Rappelons que l'ingénieur français Angénieux inventa le zoom, en 1956. Auparavant, on savait fabriquer des objectifs à focale variable, mais dont la mise au point devait être refaite au moindre changement de focale. Les optiques Angénieux équipèrent le programme Apollo de la Nasa.


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    Un porte-filtre à gélatines découpées se glisse devant l'obturateur. Pas de balance des blancs à régler, évidemment, mais nécessité d'interposer des filtres pour adapter la lumière aux paramètres de température de la pellicule (même vide, le porte-filtre doit rester en place, sinon, une lumière parasite vient frapper un côté du film). La tourelle est ici en position grand angle. Un verrou chromé, en haut, la maintient en place, lorsqu'elle est en position normale, et la protège relativement du porte-à-faux d'une optique lourde.


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     L'horlogerie intérieure : le presseur, d'une grande précision, qu'il ne faut pas oublier de verrouiller avant de refermer la boîte, sinon on obtient une séquence entièrement floue (je parle d'expérience). Les mâchoires de guidage doivent être fermées pour la mise en place automatique du film et sont rouvertes par la pose du couvercle. En haut à droite : la bobine réceptrice, métallique, à demeure dans la caméra. Les joues de métal noir assurent une bonne étanchéité de la pellicule à la lumière pendant le chargement.


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     Le compendium : à la fois pare-soleil et porte-cache. Ces caches sont découpés en cercle, vue de jumelles ou trou de serrure. Un demi-masque, placé d'un côté puis de l'autre, permet, par exemple, en deux prises de vue avec rembobinage entre les deux, de faire apparaître quelqu'un en compagnie de lui-même. Le mien a disparu dans la tourmente des années, ainsi que le caoutchouc d'œilleton, victime d'une dégradation.


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     Un anamorphoseur Satec (marque française) du système Dyaliscope, pour 16 mm. Cette optique se place devant l'objectif de la caméra, puis devant celui du projecteur, pour un élargissement de l'écran, selon le principe de l'Hypergonar du Pr Chrétien, du système Cinémascope. Du fait de la loi du retour inverse de la lumière, le même accessoire sert à la prise de vue comme à la projection. Le rapport d'anamorphose de ce modèle est réglable. En fait, je ne l'ai pas utilisé. Visible debout sur la photo du haut de la page, il était vraiment encombrant pour un usage amateur.

 


 
Que vérifier sur une Bolex d'occasion ?

Le mot clé d'un visiteur (mise à jour du 13 octobre 2011)  m'incite à répondre à cette question, bien que ce ne soit pas facile...

Les caméras Bolex, quels qu'en soient le format et l'âge, sont de belles pièces d'horlogerie suisse, très fiables, comme je l'ai déjà indiqué plus haut. Ayant été, en général, soignées par leurs possesseurs, professionnels ou amateurs avertis, il y a peu de risques qu'elles présentent des défaillances.

L'acheteur vérifiera cependant, en premier lieu, l'aspect extérieur, comme pour tout matériel cinéma ou photo d'occasion. Une usure prononcée, des éraflures, du jeu dans la tourelle, signalent un usage intensif. N'oublions pas que la Bolex H16 a été, pendant des décennies, la caméra des auteurs de documentaires, qui n'ont pas toujours travaillé dans le calme et le confort.

Il y a relativement peu de danger de rouille, du fait de l'emploi d'alliages inoxydables, mais c'est à vérifier sur les pièces en mouvement, du moins celles qui sont visibles, boîtier ouvert. Comme tout mécanisme d'horlogerie, une caméra argentique doit être lubrifiée. Non pas souvent, mais au moins une fois tous les dix ou vingt ans, selon l'utilisation qu'on en aura faite. C'est un travail de spécialiste. Il n'y a pas de graisseur à la portée de l'utilisateur. D'éventuelles factures d'entretien lèveront tout doute. Les bagues d'objectifs, si elles commencent à forcer, peuvent être graissées plus facilement, à petite dose, en prenant la précaution de ne pas salir les lentilles.

Vérifier ensuite le bon fonctionnement et la régularité du mécanisme, guetter les bruits anormaux. Ne pas, toutefois, s'étonner du niveau sonore global : il est élevé. Tellement, même, que la prise de son synchrone nécessite d'enfermer la caméra dans une housse spéciale, appelée blimp. L'essai avec quelques mètres de pellicule est indispensable (impressionnée, de préférence, c'est moins cher).

Deux pièces m'ont paru plus fragiles que d'autres. D'abord la clé semi-circulaire de verrouillage du couvercle. S'assurer qu'elle tourne normalement, sans effort et surtout sans jeu. Son axe peut casser s'il est forcé. En second lieu le levier de débrayage du mécanisme, qu'on actionne pour faire reculer le film à la manivelle. Il doit être manié avec précaution, en tenant compte d'un point de résistance, sous peine de grippage du système. Vérifier, donc, que tout est normal de ce côté.

Je ne m'étendrai pas sur les optiques, tant c'est classique : contrôler l'état extérieur (rayures, détérioration de la couche protectrice, etc.), l'absence de filaments de champignons à l'intérieur, et le mouvement des bagues. On compte peu de marques d'objectifs pour ce modèle, essentiellement françaises (Berthiot et Angénieux) ou la Suisse Kern, et elles sont d'aussi haute qualité que la caméra elle-même.

Vérifier enfin la présence d'un certain nombre d'accessoires indispensables :
1 - Le caoutchouc d'œilleton, qui a souvent disparu par chute ou détérioration chimique (surtout pour les porteurs de lunettes, s'ils ne veulent pas rayer leurs verres sur la pièce de visée, métallique).
2 - Le porte-filtre, petite pièce facile à perdre, qui doit toujours se trouver en place, même vide de gélatine, faute de quoi un jour éclaire une partie du film (s'il manque, veiller à occulter l'orifice, par exemple avec du ruban adhésif).
3 - La petite manivelle de rembobinage, amovible, sans laquelle il faut renoncer à divers trucages.
4 - La bobine réceptrice à joues métalliques noires. Elle est remplacée, au fur et à mesure, par celle de la pellicule utilisée. Elle ne devrait donc jamais manquer. Mais...
La plupart de ces éléments sont probablement difficiles à trouver aujourd'hui. Il est possible que Bolex, qui met un point d'honneur à assurer l'entretien de ses vieux et nobles matériels, les fournisse encore.

D'autres pièces, en option, ne sont pas indispensables, mais elles constituent un plus : le RX Fader, qui facilite la pratique du fondu enchaîné, le compendium (vérifier, dans ce cas, que son support est bien présent ou fourni), la poignée-revolver, et enfin le viseur multifocale, lequel se fixe sur le couvercle de la caméra ou s'utilise indépendamment, pour la préparation du cadrage. Quant au posemètre dédié Gossen, c'est plutôt un gadget décoratif, qui souffre au surplus du manque actuel de batterie au bon calibre et à la bonne tension de 1,35 volt.

Je crois que je n'ai rien oublié...

 


 

Le "grand" cinéma passe au Canon EOS

Les derniers épisodes de la série télévisée Docteur House ont été tournés avec un Canon 5D Mark II. De son côté, Cédric Klapisch a décidé de tourner 20 % des scènes de son dernier film, Ma part du Gâteau, avec quatre Canon 1D Mark IV. Certes, pour les 80 % restants, il a conservé le bon vieux, lourd et coûteux Cinemascope, mais il explique combien le numérique représente une révolution dans le cinéma, tant pour la technique que pour le travail des acteurs. Cette révolution passe actuellement par des appareils photo et devrait, à terme, marquer la fin de l'argentique. C'est un photographe d'origine, toujours intéressé par la photo, qui parle... On verra ici une interview du grand cinéaste sur le sujet. Même si cette séquence de treize minutes a été réalisée par le service de promotion de Canon, et si on se rend compte que les 1D Mark IV utilisés par Klapisch ont été abondamment alourdis d'accessoires spéciaux, cette interview me paraît passionnante quant à l'évolution des techniques professionnelles.



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